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ses hommes une courte note relative aux mesures d’hygiène à observer au cours de l’expédition.

« A Madagascar, disait cette note, vous aurez à vous défendre contre trois ennemis bien plus redoutables que les Hovas : le soleil, la fièvre et la dysenterie.

Contre ces trois ennemis vous avez le casque, l’eau bouillante et la ceinture de flanelle.

Vous ne devrez jamais sortir sans casque, car même sous un ciel nuageux le soleil est mortel. Dans les haltes ne vous couchez jamais sur la terre, qui est plus chaude que l’air et vous empoisonnerait par ses miasmes. Bornez-vous, pour vous reposer, à vous asseoir sur le sac.

Vous ne sortirez jamais à jeun et ne boirez que de l’eau bouillie avec du thé et du café.

Pour éviter les refroidissements du ventre et conséquemment la dysenterie, vous ne quitterez pas votre ceinture de flanelle.

Voilà ce qu’il faut faire.

Ce qu’il ne faut pas faire sous aucun prétexte, c’est boire de l’alcool et manger des fruits qui, même s’ils ressemblent aux nôtres, renferment de violents poisons.

En suivant ces recommandations, vous reviendrez en France pour la récompense de vos victoires. »

Hélas ! en dictant ces conseils si pratiques, si judicieux, l’excellent colonel Gillon ne se doutait pas qu’il serait lui-même une des premières victimes de ce climat meurtrier, contre lequel il mettait si bien en garde ses soldats.

On a su depuis, du reste, qu’il souffrait déjà depuis deux ans d’une maladie d’entrailles. Lorsqu’il avait été désigné pour commander le 200e de ligne qu’on allait créer