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son premier soin fut d’examiner les installations du service de la Santé et de rappeler aux officiers que ce seraient ceux qui auraient le moins de malades qui seraient les mieux notés ; il recommanda de prendre les précautions les plus rigoureuses contre le soleil et donna les instructions les plus sévères pour qu’en aucun cas, malgré le manque presque absolu des moyens de transport, les troupes ne fussent à court de vivres. Cette activité infatigable, cette conscience scrupuleuse qui ne négligeait rien rendirent le Général rapidement populaire auprès des soldats, heureux de voir leur chef se prodiguer sans compter, et partager leurs fatigues comme le plus jeune des sous-lieutenants. Seuls, les débitants de boissons qui s’étaient abattus comme une pluie de sauterelles dans les cases de Majunga firent la grimace, car la vigilance du commandant en chef ne laissa pas de contrarier singulièrement le développement de leur industrie. Ces sages précautions étaient d’autant plus indiquées que l’état sanitaire, par suite de la prolongation anormale de la mauvaise saison et plus encore de la nécessité où l’on s’était trouvé de faire camper les troupes dans des régions marécageuses et de les employer à l’établissement de la route, prenait une tournure inquiétante. Les compagnies du Génie étaient les plus éprouvées, avec les Tirailleurs algériens et le 200e de ligne.

Ce régiment, composé généralement de volontaires trop jeunes, avait heureusement pour chef un homme de haute valeur, aussi vigilant pour ce qui concernait le soldat que prêt à payer de sa personne en toutes circonstances, le colonel Gillon. Avant de quitter Marseille, le colonel Gillon avait pris soin de faire distribuer à chacun de