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— Écoutez, mademoiselle, répondit le capitaine ébranlé, je veux bien essayer, mais j’ai peur de ne point réussir. Le Général n’est pas de très bonne humeur ; en débarquant nous n’avons rien trouvé de prêt, et il faut que nous fassions tête à tout ; nous sommes débordés. Le moment est vraiment mal choisi.

— C’est que nous ne l’avons pas choisi, monsieur ; nous l’attendons depuis si longtemps et avec tant d’impatience ! dit doucement Marguerite en glissant encore du côté de l’officier un regard persuasif.

— Je vais me faire rabrouer de la belle façon ! Enfin, je ne peux pas vous refuser ce qui semble vous tenir si fort au cœur. »

Faisant signe au planton de s’effacer pour les laisser passer, il introduisit les deux jeunes gens dans une antichambre assez vaste ; les y laissant, il frappa légèrement à une porte, et entra sans attendre de réponse.

Puis d’autres portes s’ouvrirent et se fermèrent ; à travers une cloison, qui ne devait pas être fort épaisse, on entendit des éclats de voix, qui semblaient indiquer que la négociation n’allait pas toute seule. Enfin les choses finirent sans doute par s’arranger, car on distingua bientôt ces paroles prononcées avec une rondeur quelque peu narquoise :

« Ah ! Ah ! mon cher Gaulard, c’est sans doute parce qu’il s’agit d’une jolie personne que vous insistez autant ! Allons ! c’est bon, allez me chercher vos protégés, et tâchez surtout qu’ils ne restent pas trop longtemps ; nous n’avons pas de temps à perdre aujourd’hui ! »

La « jolie personne » rougit jusqu’aux oreilles, tout en lançant du côté de son frère un sourire de triomphe.