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CHAPITRE PREMIER

Une victime de la Bourse


Il était près de huit heures lorsque Michel Berthier-Lautrec rentra. Sa femme commençait à s’inquiéter.

« Pourquoi ne vous êtes-vous pas mis à table sans moi ? dit Michel avec humeur.

— Nous avons préféré t’attendre, dit Mme Berthier-Lautrec de sa voix douce. D’ailleurs, les enfants n’avaient pas faim, ni moi non plus.

— N’importe ! Une fois pour toutes, je t’ai dit que je ne voulais pas qu’on m’attendît.

— Bien, mon ami. On ne t’attendra plus. Mon petit Henri, veux-tu sonner pour qu’on serve ? »

Ce n’était pas la première fois que pareille scène de ménage se passait chez les Berthier-Lautrec. Depuis quelque temps, le caractère de Michel, plutôt gai, s’était aigri. Presque chaque soir il rapportait à la maison un front assombri, dînait sans prononcer une parole, puis, le café pris, il se levait de table et allait s’enfermer dans son