Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

de parler, Naïvo se faisait arracher les mots un à un, et l’impatience bien naturelle de Henri rendait les explications du pauvre noir encore plus confuses. A force de le questionner, de le retourner dans tous les sens, Henri finit cependant par en tirer le récit à peu près complet de ce qui s’était passé.

Arrivés à Maivarano, ils avaient retrouvé quelques Européens établis dans la ville même et aux environs, une dizaine en tout, entre autres un Anglais, M. Louvemont, employé de la maison Rebut et Sarrante, et un Français, M. Gellé, employé de la maison de Lastelle. Tous se joignirent aux soldats du gouverneur, qui marchait lui-même en tête avec ses nombreux dikan (aides de camp) en grand costume. A dix kilomètres de Maivarano, près de la rivière Antambo, quelqu’un signala les Fahavalos qui occupaient le village de Bomazonga. Immédiatement, avant même qu’un seul coup de fusil eût été tiré, toute l’escorte, gouverneur et aides de camp en tête, lâcha pied à la fois, avec un ensemble qui avait bien l’apparence d’une complicité. Les dix Vasahas restèrent seuls avec quelques serviteurs qui les avaient accompagnés ; ils étaient bien armés et décidés, ils se défendirent énergiquement et tuèrent bon nombre de bandits à coups de fusil et de revolver. Mais ceux-ci étaient plus de trois cents et ils avaient presque tous des snyders. Quand les Vasahas eurent épuisé leurs munitions, les Fahavalos les entourèrent et se jetèrent dessus tous à la fois à coups de sagaie et de crosse de fusil.

« Mais mon père s’est peut-être échappé. Tu t’es bien échappé, toi ! » dit Henri, ne voulant pas encore désespérer.