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Peu intimidé, car il connaissait la lâcheté de ces gens-là, Michel marcha droit à celui de la bande qui paraissait le chef et, le revolver à la main, essaya de parlementer avec lui lorsque le chef du village qui l’accompagnait, dont le premier mouvement avait été de se terrer prudemment, se hasarda à sortir de son trou ; reconnaissant alors des amis parmi les assaillants, il s’avança et arrangea l’affaire : moyennant quelques piastres et un litre de rhum, la paix fut signée et l’on se quitta très bons amis, après avoir échangé force compliments et quelques recommandations confidentielles sur les coups à faire.

Malgré la façon plutôt comique dont cette dernière aventure avait tourné finalement, Michel fut frappé de la coïncidence de ces deux attentats contre sa personne se suivant de si près et dont, sans son allure décidée et la lâcheté des bandits, il ne se serait peut-être pas tiré si heureusement.

Ces Fahavalos (qu’on prononce Fahavale) ont de tout temps mis en coupe réglée, périodiquement et régulièrement, le pays des Sakalaves, s’attaquant de préférence aux femmes et aux enfants qu’ils emmènent pour les revendre comme esclaves et enlevant tous les bœufs qu’ils rencontrent sur leur route ; mais ils s’attaquent rarement aux Européens, à moins que ceux-ci ne soient isolés ou insuffisamment accompagnés ; encore se contentent-ils, le plus souvent, dans ce dernier cas, de les soulager de leurs bagages.

C’est une véritable institution, qui semble se développer tous les jours. Elle se recrute de plusieurs façons, et d’abord parmi 1es indigènes que leurs mauvais instincts poussent