Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

animal mort naturellement est une mauvaise nourriture. Aussi voit-on que les cannibales eux-mêmes ne mangent point la chair des hommes morts de cette manière, mais seulement la chair de ceux qui ont été tués. En troisième lieu, il faut qu’il y ait quelque disparité (différence) entre la nourriture et le corps à nourrir, et toute substance trop analogue à celle de l’animal qui s’en nourrit, lui est nuisible[1]. On voit, il est vrai, des personnes qui, dans des maladies de langueur et de consomption, se nourrissent de lait de femme, et s’en trouvent bien. Cependant, je regarde comme une extravagance l’idée de Marcile Ficin, qui osoit proposer, comme un moyen très efficace pour la prolongation de la vie, d’ouvrir la veine à un jeune homme d’une santé vigoureuse, et d’en sucer le sang. On prétend aussi que les sorcières sont friandes de chair humaine. Si le fait

  1. Les requins, les brochets, les araignées, etc. ne sont pas de ce sentiment.