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au lieu de l’accuser[1] : livres qu’un fond inépuisable de sagesse, d’indulgence, de douceur, d’urbanité, ont rendus immortels, et dont l’esprit, tout à la fois mâle et onctueux, s’est répandu dans les écrits du grand homme que nous interprétons.

  1. La mauvaise humeur du médecin ne guérit pas le malade ; elle prouve seulement que le docteur ne se porte pas mieux, et qu’il est atteint d’une maladie souvent pire que toutes celles qu’il prétend guérir. Quatre causes principales rendent incurables presque tous nos maux.

    1°. La plupart de nos infirmités sont de vraies maladies chroniques, enracinées par l’habitude.

    2°. Nous voulons qu’on nous guérisse avec la drogue même qui nous a empoisonnés, et en appelant la santé, nous chassons le remède avec le seul médecin qui ait le courage de l’appliquer.

    3°. Nos moralistes nous prouvent que nous avons tort d’être malades.

    4°. Enfin, nos poëtes nous font accroire que nous ne le sommes pas, et nous font aimer la fièvre même qui nous ronge.