Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

suave. Il est aussi des saveurs naturellement déplaisantes, telles que celles des harengs saurs, du caviar, du fromage de parmesan, etc. qui ne laissent pas de plaire au goût, lorsqu’elles se trouvent combinées avec d’autres dans une juste proportion. Peut-être en est-il de même des odeurs ; car toutes celles dont nous parlions plus haut, ont une certaine force et une sorte d’acrimonie, dont l’effet est d’éveiller et d’agacer le sens respectif[1].

  1. Voici, je pense, quelle peut être la règle sur ce point : lorsqu’une sensation désagréable et même un peu douloureuse, l’est seulement assez pour éveiller notre sensibilité, en rompant l’excessive uniformité des sensations agréables et de trop longue durée, qui l’ont précédée ; et pour nous rendre plus capables de goûter celles de ce dernier genre, en les faisant valoir par l’opposition ; mais pas assez pour laisser des traces durables, et occuper long-temps d’elle-même, d’elle seule, alors elle contribue à n08 plaisirs et à notre bonheur, La douleur est l’épine ; et le plaisir, le fruit, cette épine aiguisant le plaisir qui la suit. Le plaisir est enfant du désir satisfait ; point de désir vif sans privation ; et toute privation de plai-