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courageux de sa propre faiblesse ? en un mot, l’être, qui ayant su souffrir et patienter, a droit d’instruire ses semblables, puisqu’il sait adoucir leurs maux ; même ceux qu’ils se sont créés, qu’ils auroient pu s’épargner, mais qui, pour être mérités, n’en sont pas moins réels, et n’en demandent pas moins des remèdes. Ces remèdes, il ne les trouve pas toujours, mais du moins il les cherche ; il n’ôte pas tous les maux mais du moins il les voit, il les sent : bien éloigné de la fastueuse et coupable apathie de l’enfant sérieux qui enfile péniblement, sans fin et sans terme, des formules arides comme lui, long-temps avant de savoir à quoi elles pourront être utiles ; condamnant indistinctement tout ce qu’il ne peut ajuster aux quarrés de son échiquier, et jouant aux échecs tandis que le feu est à la maison.

D’un autre côté, cette indulgence, ces soins vraiment paternels, et si dignes d’une âme élevée, ont aussi leurs inconvéniens, la plupart des hommes ne sont