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plaisans, tels que ceux d’une scie qu’on aiguise, de deux pierres qu’on frotte avec force l’une contre l’autre, d’une voix aigre et glapissante, font, en quelque manière, frissonner tout le corps et agacent les dents. La cause de ce double phénomène est que les objets relatifs à l’ouïe, sont presque les seuls dont l’impression immédiate sur les esprits soit agréable ou déplaisante ; par exemple, il n’est point de couleur qui, par elle-même, blesse la vue autant que les sons, dont nous venons de parler, blessent l’oreille, Il est sans doute une infinité de choses, dont la simple représentation est effrayante ou rebutante ; mais ces images ne produisent de tels effets que par l’intervention de la mémoire, et parce qu’elles nous rappellent des objets de cette nature ; représentations qui n’affectent jamais aussi vivement que la présence des objets mêmes. Quant à ce qui regarde les odeurs, les saveurs et les différentes espèces de tacts, les impressions qui s’y apportent sont toujours, en totalité ou