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veulent l’arracher, le diable, par jalousie, la mord et la retient tant qu’il peut avec ses dents ; telle est l’idée que s’en forme le vulgaire. Un auteur ancien parle d’un très beau sapin qu’on voulut transplanter en entier, mais qui avoit enfoncé ses racines à la profondeur de huit coudées (douze pieds), en sorte qu’on ne put l’arracher qu’en rompant cette racine[1].

  1. Certains cultivateurs, persuadés que toute racine coupée, rompue, ou pincée, ne s’allonge plus, et qu’alors la sève se jetant de côté produit des racines rampantes et horizontales, ont soin, lorsqu’ils transplantent un arbre à racines pivotantes, de rompre, de couper, de pincer, ou de couder cette racine, afin que la pousse ultérieure se porte latéralement, et que l’arbre ait plus d’empattement. D’autres blâment cette pratique, prétendant que la méthode qui imite le mieux la marche de la nature, est la meilleure que le plus sûr est de la laisser faire ; et qu’un arbre, par le moyen d’un seul suçoir fort gros, pompe plus de suc qu’à l’aide d’un grand nombre de petits. D’autres encore objectent à ces derniers, qu’on n’est pas toujours maître de laisser subsister cette racine pivo-