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pereur, pour faire montre de son adresse à tirer de l’arc, ayant pris une longue flèche à deux pointes bien acérées, ajusta une autruche au moment où elle traversoit le théâtre, et adressa si juste, qu’il lui coupa la tête ; mais cet oiseau ne laissa pas de continuer sa course pendant quelques instans[1]. Quant à ce que nous disions des serpens, des anguilles, des vers et des mouches, les esprits vitaux étant répandus et distribués plus également dans la totalité de leur corps, il n’est pas étonnant qu’après qu’ils ont été coupés en un

  1. J’ai vu plusieurs fois des poulets, auxquels on avoit tranché net la tête, à l’aide d’un rasoir, parcourir un espace de plusieurs pieds, revenir sur leurs traces, et tomber enfin. C’étoit une jeune fille, fort jolie, qui faisoit cette expérience ; au moment où elle jouoit ainsi, elle me paroissoit horrible. Une triste et cruelle nécessité, fille de l’habitude et mère de presque tous nos vices, nous oblige d’égorger les animaux pour nous en nourrir ; mais gardons-nous de jouer avec leur existence et de rire de leurs souffrances ; ils sont nos frères par la douleur et la mort.