en un mot, saisir le fin de son métier, on ne se contenteroit pas de jeter un coup d’œil sur les matières brutes qu’il emploie, et sur ses ouvrages tout faits ; on voudroit être-là quand il travaille, afin de suivre ses procédés et ses manipulations dans tous leurs détails. C’est à peu près ainsi qu’il faut se conduire dans l’étude de la nature. Par exemple, veut-on faire une recherche sur la végétation des plantes, il faut les suivre depuis le moment où la graine vient d’être semée ; les observer sans interruption (ce qu’on peut faire aisément en tirant de la terre les graines qui y auront demeuré deux, trois, quatre jours, et ainsi de suite), et les considérer attentivement, afin de voir quand et comment cette graine commence à se gonfler, à regorger, pour ainsi dire, d’esprit ; comment elle rompt sa corticule, jette des fibres, en se portant elle-même un peu de bas en haut, à moins que la terre ne lui oppose trop de résistance ; comment, de ces fibres qu’elle jette, les unes, qui doi-
Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/51
Cette page n’a pas encore été corrigée