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raison ou proportion qu’elle n’augmente, se fait ainsi obstacle à elle-même, et s’empêche de produire sensiblement tout son effet.

Par exemple, l’effet propre et direct de la chaleur, est de dilater et de raréfier le sang, de le rendre plus fluide, et de faciliter tous nos mouvemens en les accélérant ; de mettre, pour ainsi dire, de l’huile à nos pivots : comme nous l’éprouvons au printemps, à mesure que le soleil s’élève sur l’horizon, et que son action augmente. Mais, passé un certain point, cette chaleur, devenue excesvive, dilatant le sang plus qu’il ne faut, produit une pléthore qui distend tous les vaisseaux sanguins (sur-tout ceux du cerveau, où est l’origine de la plupart des nerfs, et le principe de la plupart des mouvemens) ; rend ainsi ces mouvemens plus difficiles, plus lents (et plus foibles, la fibre devenue plus lâche et l’air devenu moins dense, moins élastique, réagissant avec moins de force), comme on l’éprouve durant l’été, et sur-tout durant la canicule. De plus, cette grande chaleur chasse au dehors la partie aqueuse du sang, ou, si l’on veut, sa partie séreuse, nécessaire pour entretenir sa fluidité : les globules rouges qui nagent dans cette sérosité, et qu’elle tenoit écartés les uns des autres, se rapprochent, et le sang s’épaissit ; ce qui rend les mouvemens encore plus lents et plus difficiles, en rouillant, pour ainsi