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tres, que l’Europe est en feu, Mais c’est sur-tout dans le corps politique de chaque nation que se fait le plus vivement sentir la terrible maladie dont nous parlons, dont toutes les sociétés humaines sont atteintes, et dont elles ne pouvoient se garantir que par la considération et la pratique perpétuelle de cette grande maxime : la patrie est un tout dont nous ne sommes que les parties, et la meilleure de ces parties c’est celle qui ne se prend jamais pour le tout ; la pire est celle qui veut dominer, et qui, au lieu de se faire l’instrument du tout, veut faire de ce tout son instrument.

Ainsi, et les erreurs, et les maladies, et les vices, et la fausse politique, et les plus grands maux, dont qu’un seul et même principe, qu’une seule et mème source ; l’égoïsme d’une certaine partie du tout, qui tire tout à elle, soit toute l’attention, soit toute l’action ; et il existe une relation étroite, une dépendance mutuelle entre la sagesse des jugemens et la droiture des intentions ; la justesse de l’esprit et la justice du cœur dérivant l’une de l’autre. Par cela même que l’homme vertueux, voulant être juste, embrasse la totalité de la personne ou de la chose qu’il juge, et de la société à laquelle il la rapporte ; il est sage dans ses jugemens. Et l’homme sage, par cela seul que, voulant être exact, il embrasse