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opposés ; on voudroit bien les éviter tous deux à la fois, quoique cela soit impossible, et alors il est clair qu’il faut se résoudre à accepter le moindre, pour se délivrer du plus grand. Ainsi, la première de ces deux formes regarde nos craintes ; et la seconde, nos désirs ; et toutes deux, la vie entière, Car il n’est point d’individu qui ne veuille à chaque instant réunir deux avantages incompatibles, ou fuir en même temps deux genres opposés d’inconvéniens qui se relaient perpétuellement pour nous tourmenter, et dont l’un, en fuyant, appelle l’autre. Et la vie entière n’est qu’un perpétuel combat entre deux désirs, entre deux craintes ou entre uns crainte et un désir.

Ou attaque la première forme, 1°. en faisant voir qu’on n’est pas absolument réduit à opter entre les deux opinions où les deux résolutions proposées, et qu’il y a un sentiment ou un parti moyen ; 2° en faisant voir que l’adversaire a eu tort d’exclure celle qu’il a exclue.

On attaque aussi la seconde forme de deux manières : 1°. en faisant voir que les deux sentimens ou les deux partis peuvent être réunis ; 2°. que l’adversaire a eu tort de supposer que tel des deux a été ou doit être choisi.

Au fond, on peut toujours faire rentrer l’une dans l’autre ces deux formes, sur-tout dans les questions de morale et de politique ; car être forcé