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quelqu’un se vantoit de pouvoir changer un certain volume d’eau en un égal volume d’air, ce seroit comme s’il disoit qu’on peut anéantir telle portion de la matière ; ou si, au contraire, il se faisoit fort de convertir un certain volume d’air en un égal volume d’eau, ce seroit comme s’il disoit qu’on peut de rien faire quelque chose[1]. Or, c’est proprement de la considération de cette plus grande, ou moindre quantité de matière, que tirent leur origine les notions abstraites exprimées par ces mots de densité et de rarité, auxquelles on a attaché des significations si différentes

  1. Nous n’avons jamais vu de création ni d’anéantissement, ni rien d’analogue ; et par conséquent nous n’en avons pas même l’idée. Or, ce dont nous n’avons point l’idée, nous paroit impossible ; et cependant il est une infinité de choses très possibles dont nous n’avons, point l’idée, attendu que nous ne connoissons pas tous les possibles. Ainsi ces deux prétendus principes, tout évidens qu’ils nous paroissent, portent sur un fondement extrêmement foible.