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sant d’une roue à une autre roue. Car cette expression, mouvement fort, ou ce mot force, comprend deux idées ; savoir : celle de la quantité de l’effet, et celle du temps employé à le produire ; puisque cet effet, demeurant le même, une puissance est jugée d’autant plus grande, que le temps pendant lequel elle le produit est plus court. Or, si, à l’aide d’une seule roue, ou d’une combinaison de plusieurs roues, grandes ou petites, vous pouvez élever un poids cent fois plus grand que vous ne le pourriez faire à l’aide de vos seules mains, ce ne sera qu’à condition que vous y emploierez cent fois plus de temps : c’est un principe qu’il ne faut jamais oublier ; il est l’âme de toute la méchanique. Nous pouvons dire plus : cette force, qui, selon notre auteur, est augmentée, se trouve réellement diminuée par deux espèces de résistances ; savoir : celle qui naît du frottement des parties de la machine les unes contre les autres, ou contre les corps qui la supportent, et celle que leur oppose le fluide où elles se meuvent. Nulle machine n’augmente la force qu’on y applique ; elle ne peut qu’aider à l’appliquer plus commodément, ou à y appliquer une plus grande force. Cette observation s’applique peut-être aussi aux effets de la poudre à canon, du feu en général, des poisons, des fermentations, etc. Il se peut que cette petite quantité d’action par laquelle le mouvement commence,