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tantes dans cette partie de l’univers que nous habitons il y a aussi des loix non moins constantes : que dis-je ? les mêmes loix, dans celles qui l’environnent ; autrement à la longue ces dernières loix changeroient les premières ; car, dans l’univers, tout se touche, et il n’y a point de mur de séparation.

Mais ces loix constantes ne peuvent être suspendues dans le vuide (car il s’agit ici de l’existence physique), et elles ont absolument besoin d’un sujet, d’une réalité physique et matérielle où elles puissent résider, et dont elles soient les modes constans. Les loix résidantes dans ce sujet ne peuvent être constantes, si ce sujet n’est lui-même immuable, puisqu’elles ne sont que ses modes ou manières d’être et si le sujet étoit variable, ses modes le seroient aussi. Or, l’observation nous apprend que tous les composés physiques sont sujets à des variations, lentes ou rapides. Ainsi le véritable sujet de ces loix immuables et éternelles de la nature, ce sont nécessairement les élémens de ces composés. Car, si l’on ôte du monde physique et ces composés et ces élémens, il ne reste plus rien de réel. Donc les élémens de la matière sont immuables ; et c’est faute d’avoir suffisamment poussé l’analyse, que Bacon n’a pas senti cela.

Quoi qu’il en soit, il seroit sans doute peu judicieux d’agiter fréquemment de telles questions,