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mes placée derrière l’atome A ? Supposons-nous que l’atome qui est placé immédiatement derrière lui, reste immobile, au moindre déplacement de l’atôme A, il se fera un vuide derrière lui, ce qui est contre l’hypothèse ; ou bien supposons-nous que ce premier atome de la file postérieure vient occuper la place que A a laissée vuide, et que tous les atomes de cette file le suivent ? alors ou il se fera encore un vuide à l’autre bout, ou il faudra qu’un atome d’une des files circonvoisines vienne remplir ce vuide, et que tous les atomes de cette même file le suivent. Pour empêcher qu’il ne se fasse un vuide dans cette dernière, il faudra encore détacher d’une des files circonvoisines un atome qui soit suivi de tous les autres de la même file, et ainsi de suite à l’infini, sans compter l’effet des frottemens auxquels nous n’avons pas eu égard.

Ainsi, pour peu qu’un seul atome bouge, il faut que l’univers entier s’ébranle. Mais je dis qu’il ne peut pas s’ébranler ; car, s’il n’y a pas le moindre vuide, tous les atomes qui environnent l’atome A, soit de près, soit de loin, c’est-à-dire, tous les atomes de l’univers, sont parfaitement contigus. S’ils sont parfaitement contigus, toute la matière de l’univers, envisagée par rapport à la communication du mouvement, ne forme plus qu’une seule masse, qu’un seul bloc d’une grandeur infinie, d’une densité infinie, d’une dureté infinie, etc. Il faut donc,