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lera le monde entier. En effet, si tout est plein, l’atome A, par exemple, dès qu’il se met en mouvement, ne trouvant aucune place vuide où il puisse se loger, ne peut se porter en avant qu’en déplaçant un autre atome B, qui ne peut faire place à l’atome A, en se déplaçant lui-même, sans déplacer aussi un troisième atome C, qui, par la même raison, en déplacera un autre, lequel en délogera un autre encore ; et ainsi de suite à l’infini.

Si nous supposons que tous ces déplacemens successifs se fassent suivant une ligne droite ; l’atome A, en se déplaçant d’un cent millième de ligne, ébranlera toute une file d’atomes ; commençant au point qu’occupoit celui qui le précédoit immédiatement, et finissant au dernier point de l’univers matériel, c’est-à-dire, au point où l’univers finit, s’il a une fin.

Actuellement si, au-delà de ce point, vous supposez un obstacle insurmontable, le dernier atome de la file ne pouvant plus alors se porter en avant, ni le pénultième ; ni l’antépénultième ; ni aucun autre atome de cette file, ni l’atome A lui-même, ne pourront se mouvoir.

Si, au contraire, vous supposez, au-delà du monde matériel, un vuide où le dernier atome puisse se loger, et permettre ainsi à toute la file d’atomes qui est derrière lui, y compris l’atome