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sont communes, et qui nous portent à les réunir sous une seule idée, nous les désignons par une même expression, et quelquefois par un seul mot qui en fait une classe, n’ayant, pour ainsi dire, qu’une seule forme, et obéissant à la même loi. Mais ces classes sont de pures conceptions ; il ne faut pas les prendre pour des choses réelles, et c’est ce que Bacon veut dire ici. Il parle aux scholastiques, qui, de leur manière de concevoir les choses, concluoient que les choses existoient telles qu’ils les concevoient, et qui raisonnoient à peu près ainsi. Tout ce qui est renfermé dans l’idée claire et distincte d’une chose et sans quoi on ne peut la concevoir, lui est essentiel. Or, l’idée de telle propriété est renfermée dans l’idée claire et distincte de tel sujet, et ce sujet on ne peut le concevoir sans cette propriété. Donc cette propriété lui est essentielle. Ainsi, comme ce sujet existe, cette propriété est toute aussi réelle et se trouve réellement dans ce sujet. C’étoit ainsi qu’ils raisonnoient ; moulant les choses mêmes sur leurs idées, au lieu de mouler leurs idées sur les choses : comme si les idées avoient le pouvoir de réaliser leurs objets, et qu’il fût impossible de concevoir comme réel ce qui n’est ni existant, ni possible ; comme si l’habitude d’attacher certaines ides à certains sujets, ne suffisoit pas pour faire imaginer qu’elles leur sont essentielles. Pour démêler aisément