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(g) Ce sont ces trombes que l’on voit quelquefois. J’ai vu plusieurs de ces trombes, entr’autres deux, le 13 avril 1774, étant presque sous la ligne, et faisant route pour Canton en Chine (sur le vaisseau le Superbe, capitaine le chevalier de Vigny, lieutenant de haut-bord). Ces deux trombes fondirent sur nous en même temps ; à ces deux fléaux se joignit une saute de vent (le vent par-devant), nous fûmes coëffés (les voiles collées aux mâts), le vaisseau resta long-temps sur le côté, près de chavirer ; enfin il se releva, mais il nous en coûta quatre hommes et deux mâts. Ce que j’ai pu observer, dans cette circonstance si peu favorable à l’observation, s’accorde assez bien avec l’explication que nos physiciens donnent de ce phénomène. Deux vents contraires et presque égaux en force, qui font tournoyer l’eau et la soulèvent, forment un commencement de tuyau. Ce tuyau s’abouche avec un autre formé par un nuage fort bas que les deux mêmes vents font aussi tournoyer : d’où résulte une espèce de corps de pompe où l’eau est comme attirée et s’élève avec grand bruit ; parce que l’air qu’il contient y étant raréfié, l’air extérieur et voisin, qui s’appuie sur la surface de le mer, y fait, par son poids et son ressort devenus supérieurs, monter cette eau en grande quantité et assez rapidement. Ce jeu dure jusqu’à ce que l’un des deux vents, ou tous les deux, ve-