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mencée ? C’est la rarité de la matière du corps, sa souplesse et sa perméabilité, qualités qui vont toujours en décroissant, à mesure que, s’avançant dans la vie, on fait autant de pas vers la mort *. Actuellement on ne m’obligera pas de prouver que le froid a la propriété de rapprocher les parties des corps, et de les rendre plus denses, plus solides, plus compacts, plus durs, et par conséquent moins perméables ; les rhumes, Les fluxions et notre propre sentiment le prouvent assez. Mais abandonnant une fois tous ces raisonnemens généraux, croyons-en nos propres yeux. Durent l’hiver, tous les individus, quel que soit leur âge, paroissent plus vieux que durant l’été ou les deux saisons moyennes, et le deviendroient en effet, si, à l’aide d’une chaleur artificielle, ils ne se procuraient une température plus douce, et, pour ainsi dire, une autre saison. Comparons cet état d’engourdissement, de sommeil et de mort où, durant la saison glaciale, se trouve plongée la nature entière, à ce rajeunissement, à cette espèce de résurrection universelle qui s’opère au printemps ; saison où tout revit et brûle de répandre la vie ; où chaque in-

 *.  Je parle de la jeunesse, et non de l’enfance, âge où l’extrême mollesse de toute l’habitude du corps rend l’individu extrêmement susceptible, et l’expose à être détruit par le moindre choc.