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pourvu que ce soit un fluide très subtil et très actif. Ce passage paroîtra ridicule à bien des gens qui, en vertu d’une certaine superstition philosophique, sont aussi prompts à nier ce dont ils ignorent l’explication, que d’autres sont, par une superstition théologique, prompts à croire ce qu’ils ne veulent point du tout entendre expliquer. Mais je connois quelque chose de bien plus ridicule aux yeux du vrai philosophe, c’est d’oser décider une question avant de l’avoir examinée, et de n’oser s’occuper d’un problème que la mode a proscrit. Nous oserons donc penser avec Bacon, qu’il faut écouter, fréquenter même les hommes superstitieux, ne fût-ce que pour observer de plus près la superstition ; maladie fort commune que l’on ne peut guérir sans la connoître, connoître sans l’étudier, ni étudier sans fréquenter ceux qui en sont atteints. Si le médecin fuit les malades, le remède fuira le médecin. Mais, d’ailleurs, cette opinion dont il s’agit ici, n’est pas aussi absurde qu’elle le paroit au premier coup d’œil ; elle n’est qu’une conséquence presque immédiate de certaines opinions assez répandues. Si quelqu’un prétendoit, d’après Hypacrate, Galien et la plupart des physiologistes modernes, que le corps humain est animé par un fluide très subtil et très actif, qui en parcourt sans cesse toutes les parties, et se porte, en un instant, du centre aux extrémité, ou en