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Il n’est point d’action sans réaction : si une âme pousse un corps, elle est donc aussi poussée elle-même : si elle est poussée, elle résiste donc : si elle résiste, elle est donc impénétrable : et si elle est impénétrable, voilà une seconde propriété qui lui est commune avec la matière.

Il est difficile de se persuader que l’âme qui anime une baleine, ou un éléphant, est précisément égale à celle qui anime une puce : or, si l’une est plus grande que l’autre, elles sont donc toutes deux étendues.

Ainsi, la substance immatérielle a déjà trois propriétés communes avec la matière, et trois propriétés d’où dérivent un grand nombre d’autres.

Or, dans le corps organisé, la faculté de percevoir ne diffère point essentiellement de la faculté de mouvoir ; et dans la montre animale, il n’y a pas deux grands ressorts, il n’y en a qu’un, composé de parties de natures contraires, qui prédominent alternativement, et assemblées par un moyen qui nous est inconnu. Les corps extérieurs agissent sur la substance qui perçoit, et elle réagit sur eux, voilà tout. Ainsi il est probable que le sujet de la faculté de percevoir est matériel. Le lecteur observera qu’il ne s’agit pas ici de la faculté de penser et de vouloir, mais seulement de la faculté de percevoir. Le principe qui perçoit est visiblement passif ; mais le principe qui fait at-