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idée assez creuse que se forma jadis dans le cerveau du grand Anaxagore (surnommé l’esprit), la notion d’un Dieu. Quant au vulgaire, qui, sans rien entendre à ces abstractions, ne laisse pas d’aller aussi loin, à l’aide du simple sens commun, il voit une montre qui marche assez régulièrement, et il y suppose un horloger ; car ici l’horloger est dans l’horloge même, et le moteur est comme fondu dans toute la machine. Mais ce sujet, en qui résident la faculté de percevoir et la perception actuelle, quel est-il ? quelle est sa nature ? est-il matériel ou immatériel ? Si vous continuez, répondrai-je, à refuser le nom de matière à ces êtres doués de qualités très corporelles, que vous n’avez pu encore classer dans votre physique où les loix par lesquelles ils sont gouvernés, ne se trouvent point, et auxquels par conséquent vous n’avez pu appliquer vos trois ou quatre petites loix du mouvement, hérissées de formules algébriques, cette substance, qui est le sujet réel de la faculté de percevoir, sera encore pour vous immatérielle. Mais, si vous voulez bien admettre avec nous la distinction de deux espèces de matières douées originellement de propriétés diamétralement opposées, combinées avec d’autres propriétés qui leur sont communes ; distinction que nous sommes désormais en état de démontrer avec toute la rigueur et la solidité géométrique, alors vous pourrez, sans