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    vertu dont il parle, résidât dans un fluide qui fût lancé d’un corps à l’autre ; et alors, quoique cette action ou vertu ne fût dans aucun des deux corps qui sont les termes extrêmes de l’action, ni dans le milieu, comme elle n’en seroit pas moins dans un corps ; savoir : dans ce fluide que nous suppusons, il ne seroit pas vrai qu’il est, dans le temps, tel moment, et dans l’espace, tel intervalle où elle subsiste sans le véhicule d’un corps. D’ailleurs, cette question qu’il se propose, et qu’il croit résoudre parce qu’il n’en voit pas toutes les parties, donne lieu à une autre qu’il auroit dû se proposer d’abord, et tâcher de résoudre avant tout ; savoir, celle-ci : l’action de la vertu magnétique est-elle instantanée ou successive ? Par exemple, la force attractive de la terre se fait-elle sentir plus promptement à la Lune, qu’à Jupiter et à Saturne : ou bien doit-on penser que l’action du corps attirant se fait sentir, dans un instant indivisible, à tous les corps sur lesquels il agit, à quelque distance qu’ils soient de lui, et à tous en même temps ? Ainsi le prétendu principe dont il tire cette fausse conséquence que nous avons d’abord relevée, n’est qu’une supposition très gratuite ; et son raisonnement est, avec une apparence de profondeur, très superficiel.