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une action tout-à-fait continue et considérée dans toute sa continuité[1], qui échappe presqu’entièrement aux sens.

Par exemple, dans toute génération et transformation de corps, il faut tâcher de démêler ce qui s’exhale et se perd, d’avec ce qui reste, ou vient du dehors ; ce qui se dilate, d’avec ce qui se contracte ; ce qui s’unit, d’avec ce qui se sépare ; ce

    loin en loin et sensiblement différens, mais des degrés contigus, et dont la différence est imperceptible ; car la graduation est très différente de la gradation.

  1. Mais alors c’est demander l’impossible ; d’ailleurs il n’est point dans la nature de vraie continuité ; et celle dont il parle n’est qu’apparente. Le principal moteur, qui est le soleil, agissant par ondulations, par vibrations, par impulsions vives et réitérées, toutes les actions qui sont l’effet de celle-là, doivent être de même nature ; et comme leurs intervalles sont imperceptibles, elles nous paroissent continues, quoiqu’elles ne le soient pas. Nous croyons aussi que l’action de la force attractive universelle est continue ; mais pourquoi le croyons-nous ? parce que nous n’avons jamais eu assez de génie pour en douter.