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ques milliers, ou, si l’on veut, depuis quelques millions d’années ; car les chiffres ne coûtent rien. Et il se peut que cette chaleur qui, toute affaiblie qu’elle est aujourd’hui, est encore suffisante pour perpétuer les espèces déjà formées et en reproduire les individus, à l’aide des moules qu’elle trouve tout faits, et qu’elle forma dans les premiers temps de son action, dans le temps de sa plus grande énergie ; que cette chaleur, dis-je, ne soie plus suffisante pour opérer des générations spontanées, produire de nouvelles espèces, ou reproduire les anciennes, par cette première voie qui les produisit. Mais alors ces générations spontanées ne seroient impossibles que d’une impossibilité actuelle ou relative, et non d’une impossibilité absolue, comme le prétendent ces physiciens germinalistes auxquels nous parlons.

Enfin la nature ne nous a laissé qu’un seul moyen pour acquérir des connoissances sur les sujets qui échappent entièrement à l’observation ; c’est de lire l’invisible dans le visible ; et ce qu’elle dérobe à nos yeux, nous pouvons, jusqu’à un certain point, le voir dans ce qu’elle nous montre : or, que nous montre-t-elle ? une circulation universelle et perpétuelle d’élémens et de composés, de matériaux et de force, de vie et de mort. La plante vit des débris de l’animal ; l’animal, des débris de la plante, et servira un jour lui-même de pâture à d’autres