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à l’imagination (car c’est à la jeunesse que nous parlons, les savans n’ayant pas besoin de notre explication), supposons que je donne, avec la main, un coup violent à cette table sur laquelle j’écris ; non-seulement cette table que je frappe me frappant aussi, le coup que j’en reçois est égal à celui que je recevrois si une personne frappoit ma main avec un corps semblable à cette table, et avec une force égale à celle avec laquelle je la frappe : mais si la table ne résistoit à ma main et ne lui rendoit le coup par cette résistance même, la première ne le recevroit pas. En effet, supposons encore qu’au moment où ma main est près de la toucher, elle fuie devant cette main avec une vitesse moindre que celle de la main, il est clair que le coup sera diminué en raison de la vitesse avec laquelle cette table la fuira, Si cette vitesse augmente ; le coup reçu de part et d’autre diminuera proportionnellement, jusqu’au point où la vitesse de la table devenant parfaitement égale à celle de la main, il n’y aura plus de coup.

De même, lorsqu’un cheval tire une charrette, la charrette tire aussi le cheval puisque, si cet animal n’est pas assez fort pour la mettre en mouvement, on le voit revenir vers la charrette, comme il arriveroit si un autre cheval, après le coup de collier donné par le premier, et au moment où celui-ci mollit, le tiroit en arrière avec une force