Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

ils n’auroient pu mouvoir que de fort petites masses et ils n’auroient fait, en ce genre, rien de grand. Mais faisons ici une courte pause, pour contempler, dans cet exemple même, comme dans un miroir fidèle, la vanité de nos prétentions et l’inutilité de nos efforts : supposons qu’on eût dessein de transporter un obélisque d’une grandeur extraordinaire, pour servir de décoration à un triomphe ou à quelque autre fête de ce genre, et que ceux qui auroient entrepris ce travail voulussent l’exécuter avec leurs seules mains, un spectateur de sang froid ne les prendroit-il pas pour une troupe d’insensés ? Que si, augmentant le nombre des ouvriers, ils espéroient, par ce seul moyen, venir à bout de leur dessein, ne lui sembleroient-ils pas encore plus fous ? Si encore, faisant un choix dans cette multitude et renvoyant les plus foibles pour n’employer que les plus vigoureux, ils se flattoient d’avoir tout fait par ce choix, ne lui sembleroient-ils pas au comble de la fo-