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faisoient jouer un si grand rôle. Par le soin même avec lequel ils traitoient cette science, il paroit qu’ils y cherchoient des secours pour l’entendement, tenant eux-mêmes pour suspects sa marche native et son mouvement spontanée. Mais ce remède ils l’appliquoient trop tard ; déjà l’esprit étoit dépravé par une infinité de mauvaises habitudes, tout comblé de simples oui-dire, tout infecté de doctrines mensongères, et obsédé par mille fantômes ; déjà tout étoit perdu[1].

  1. Il étoit trop tard, parce que, supposant vrais les principes et les notions sur lesquels ils établissoient leurs raisonnemens et qu’ils auroient dû examiner d’abord, ils ne remontaient point à la source du mal ; ces règles, qu’ils cherchoiont ou donnoient pour déduire des conséquences de ces principes ne pouvoiont corriger le vice de la première opération, mais seulement celui de la seconde ; et une conséquence juste tirée d’un principe faux, n’est pas mains une erreur qu’une conséquence fausse tirée d’un principe vrai. Car il y a ici cinq sources d’erreur : on peut extraire d’observations exactes des notions fausses ; de no-