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doute par des raisons qu’il seroit injusto de mépriser ; mais ils ne surent pas la déduire des vrais principes ; entraînés au-delà du but par la passion et l’esprit de parti, ils l’outrèrent et la firent dégénérer en affectation : enfin ces philosophes des premiers temps de la Grèce dont les ouvrages sont perdus, furent les seuls qui surent garder un sage milieu entre la jactance affirmative des premiers, et la pusillanime acatalepsie[1]

    vaut peut-être mieux que des vérités incomplètes qui laissent dans l’indécision. Il faut avoir une opinion et un but ; le pire de tous les partis est de n’en prendre aucun.

  1. Les plus célèbres commentateurs de la philosophie des Grecs traduisent ce mot par celui d’incompréhensibilité, qu’ils forgent à dessein dans leurs langues respectives. Ces anciens philosophes, effrayés de l’excessive complication de tous les sujets de nos études, prétendoient qu’aucun ne pouvant être embrassé en entier, il falloit renoncer à toute certitude, et se contenter de simples probabilités plus ou moins fortes, sur lesquelles on devoit régler ses opinions et sa conduite.