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lifiés de génie, mais seulement de bon sens. Et il se trouvera peut-être à la fin que cette raison simple, mâle et soutenue, qui n’est jamais dupe des fausses lueurs, qui dédaigne le faux brillant, ne vise qu’à l’utile, et va toujours droit au but est le vrai génie.

Ainsi, on ne doit chercher dans cet ouvrage que ce que l’auteur a voulu y mettre, ni lui demander que ce qu’il a promis. Or, son véritable but, comme il le dit souvent lui-même, est de rendre inutile, du moins en philosophie, la supériorité de talens ; de mettre pour ainsi dire, de niveau tous les esprits, et d’établir, dans le monde intellectuel, cette même égalité que nous nous efforçons depuis tant d’années d’établir dans le monde réel, en faisant marcher de front l’art de vaincre et l’art de penser. Ce livre est la carte nécessaire pour voyager dans le pays inconnu. C’est le compas à l’aide duquel la main la plus gauche et la plus timide peut tracer un cercle avec autant d’exactitude que la