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tissant son mouvement, qui est presque toujours accéléré par quelque passion, où par le simple désir d’arriver à la fin du travail, c’est-à-dire, par la paresse. On conçoit beaucoup plus aisément et beaucoup mieux un raisonnement fort composé, en le transcrivant très lentement et très nettement une ou deux fois, qu’en le lisant cinq ou six fois. De tous les préceptes relatifs à l’éducation, le plus solide le plus utile, et par conséquent le plus grand, c’est le plus trivial ; c’est, dis-je, de transcrire avec soin tout ce qu’on étudie, et de lire toujours la plume à la main ; je dis de lire et d’étudier, non d’observer et d’inventer ; car cette plume est un aiguillon de paresse qui fait écrire trop tôt ; et toutes choses égales, le plus grand écrivain, c’est celui qui prend la plume le plus tard. Ce que nous disons ici des avantages de l’écriture fréquente, a pourtant ses exceptions ; tel écrit beaucoup de sottises et n’en est que plus sot ; et tel qui écrit peu n’en est pas moins sage, parce qu’il sait écrire en dedans, c’est-à-dire, penser, avec un esprit naturellement vif et fougueux, aussi lentement que s’il écrivoit, et ponctuer, pour ainsi dire, sa pensée. Cependant, quoique la seule écriture ne suffise pas pour redresser un esprit faux, c’est toujours un moyen de plus pour un esprit juste. Et il paroit que ce sentiment étoit celui de Bacon, s’il est vrai qu’il ait, comme on nous le dit, transcrit quatorze