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celle qui est indiquée dans cette partie de mon premier ouvrage (l. iv. ch. ii.), et que j’appelle la chasse de Pan. Mais, quoique la précaution d’écrire tous les faits, et de faire sur cet écrit toutes les comparaisons, ne soit rien moins que le fonds de sa méthode, mais seulement un accessoire, un simple adminicule, et que cette dénomination d’expérience lettrée doive être prise ici dans le sens propre et physique ; cependant l’expérience lettrée elle-même nous a appris, à nous, que cet accessoire vaut mieux que le fonds : et le sens physique a une relation très étroite avec le sens moral. Car la différence la plus visible entre un lettré et un homme qui ne l’est pas, c’est que le premier écrit beaucoup, et que l’autre, écrivant fort peu, fait presque tout de mémoire ; ce qui à la longue met entre eux une différence infinie pour l’intelligence. Par la même raison que nous écrivons tout l’argent que nous donnons ou recevons, nous devons écrire aussi les faits, les idées, les principes ou les raisonnemens dont nous faisons l’acquisition, et qui sont la monnoie philosophique. L’homme de lettres qui n’aime point à tenir le plume, ruine bientôt son esprit et sa réputation, comme le négociant ou le banquier paresseux à écrire ruine en peu de temps son crédit et sa fortune. L’habitude d’écrire toutes ses pensées, aiguise et fortifie l’esprit, en le rendant plus attentif et ralen-