Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/389

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont resserrées dans les écrits de certains auteurs, tous les esprits y sont comme emprisonnés et ces auteurs classiques, si quelqu’un ose s’écarter un peu de leurs opinions à l’instant tous s’élèvent contre lui ; c’est un homme turbulent, un novateur, un brouillon. Il est pourtant une différence infinie entre les arts et les affaires publiques. Une révolution politique et une lumière nouvelle ne font pas, à beaucoup près, courir les mêmes risques[1]. Car, si, dans l’état politique, un changement même en mieux ne laisse pas d’inquiéter, c’est il cause des trou-

  1. Cette révolution et cette lumière ne diffèrent que comme l’effet et sa cause. Une lumière nouvelle, en éclairant les esprits, détruit les vieux préjugés et fait naître de nouvelles opinions, lesquelles enfantent de nouvelles actions qui occasionnent une révolution, ou qui sont elles-mêmes cette révolution. Une lumière nouvelle fait révolution et parmi les hiboux qui la fuient, et parmi les aigles qui la cherchent. Les voleurs, a dit Duclos, n’aiment point les lanternes, et tâchent de les briser.