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comme nous l’avons déjà observé. Mais, pour peu que nous sachions pénétrer leurs vrais motifs, nous reconnoîtrons que tous ces discours de mauvaise foi tendent à circonscrire la puissance humaine ; que ce n’est qu’un artifice pour jeter les esprits dans le découragement, et non seulement pour les décourager, mais même pour trancher, d’un seul coup, tous les nerfs de l’industrie, et la porter à renoncer même à la foible ressource des heureux hazards de l’expérience machinale. Car au fond, quel peut être leur but, sinon de persuader qu’il ne manque plus rien à leur art, et qu’il est suffisamment perfectionné[1], donnant tout à la glo-

  1. Si l’art que j’exerce est perfectionné par tout autre que par moi, non-seulement je ne dois plus prétendre à cette haute réputation dont je ne suis pas digne, mais même je perdrai cette mesure d’estime que je mérite ; car la présence de tout homme d’un génie transcendant anéantit tout ce qui l’environne, et ses productions servent à humilier tous ses émules ; je dois donc, pour sauver ma réputation, tâcher de persuader aux jeunes élèves que