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diverses professions, dans les entretiens, dans le commerce du monde, dans les affaires, soit publiques, soit privées. Nous leur fournissons même des vues, des indications, des directions et des moyens, comme on l’a pu voir dans notre premier ouvrage. C’est une sorte de monnoie dont il faut savoir se payer et payer les autres, parce qu’elle a cours, parce qu’il en faut une, et qu’il vaut mieux en avoir une mauvaise que de n’en point avoir du tout. Ou encore ce sont les règles d’un jeu sur lesquelles il ne faut pas disputer, et auxquelles il faut se conformer, non-seulement pour pouvoir gagner la partie, mais même pour pouvoir jouer. D’un autre côté, les hommes ne doivent pas prendre pour des loix de la nature ces conventions et ces loix arbitraires qu’il leur a plu de faire entr’eux.

Enfin, comme une entreprise telle que la notre ne peut être exécutée que par les travaux combinés d’un grand nombre d’esprits, pour éveiller l’émulation des autres et animer leur courage nous ajouterons ici quelques observations tendantes à ce but.

Parmi les actions humaines, l’intention des choses utiles fut toujours mise au premier rang. Toute l’antiquité décerna les honneurs divins aux inventeurs des arts les plus nécessaires ou les plus agréables ; et n’accorda que le titre de héros aux fondateurs de villes ou d’empires, aux législateurs, à ceux