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l’art du cuisinier et du distillateur. Qu’après avoir bien considéré tout cela, on songe combien de temps on a consumé pour porter toutes ces inventions au degré de perfection où nous les voyons ; (je dis, de perfection, parce que tous les procédés de cette espèce, si l’on en excepte ceux des distillations, étoient connus des anciens) ; et, comme nous l’avons déjà remarqué par rapport aux horloges, combien peu d’observations et de principes pris dans la nature elles supposent : qu’on se dise combien toutes ces petites découvertes étoient aisées à faire, en profitant d’une infinité d’occasions fortuites qui s’offrent toujours, ou de toutes ces idées fugitives qui se présentent d’elles-mêmes à l’esprit ; qu’on pèse, dis-je, avec soin toutes ces considérations, et bientôt perdant cette admiration qu’a voient excitée, à la première vue, ces faciles découvertes, on ne pourra plus que déplorer la condition humaine, en voyant cette disette d’inventions utiles, et la stérilité de l’esprit humain