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Si un homme, aussi souvent détourné de l’étude de la nature, par les affaires et les intérêts politiques, que nous le sommes, nous qui parlons ici, a pu néanmoins faire d’assez grands pas dans cette route que nous traçons, quel progrès n’y feroit point un homme qui disposeroit de tout son temps, et qui seroit tout à la chose ?

Que seroit-ce donc d’une nation entière ; que dis-je, de plusieurs nations réunies, combinant leurs travaux et les dirigeant constamment vers le même but pendant plusieurs siècles ?

Tels sont nos principaux motifs d’espérance : mais, avant d’entrer en matière, il nous reste encore quelques observations à faire et quelques avertissemens à donner, afin qu’on puisse se former une idée juste et précise de notre dessein.

Notre but n’est rien moins que de fonder une secte en philosophie à l’exemple de tant d’autres, ni même de hazarder, dans ces commencemens, aucune théorie générale, mais seulement de commencer, d’ébaucher ce qu’il nous sera probablement impossible d’achever ; d’exécuter beaucoup et d’entreprendre peu ; de promettre peu de donner beaucoup.

Celui qui vous épouvante est gentilhomme ; et celui qui vous rassure est roturier. De manière que tout homme qui se respecte un peu, n’aime pas ces genres si utiles, et passe sa vie à tuer des hommes pour tuer le temps.