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guère mieux. Rien de plus étroit et de plus borné que la connoissance qu’on avoit alors, soit des temps, soit de l’étendue de l’univers ; genre d’ignorance, le pire de tous, sur-tout pour qui ne fait fonds que sur l’expérience. Car on n’avoit pas même une histoire de mille années qui méritât ce nom ; tout se réduisoit à des fables et à d’incertaines relations sur l’antiquité. Et une preuve que les anciens ne connoissoient que la moindre partie de l’univers, c’est qu’ils comprenoient indistinctement sous le nom de Scythes tous les Hyperboréens ; et sous celui de Celtes, tous les Occidentaux. En Afrique on ne connoissoit rien au-delà de la frontière d’Éthiopie, la plus voisine de l’Europe ; en Asie, rien au-delà du Gange ; encore moins connoissoit-on les différentes contrées du nouveau monde, pas même par ouï-dire, ou d’après des relations certaines et constantes. Que dis-je ? plusieurs climats, des zones, toutes entières, où vivent et respirent une infinité de