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de cette nature, et il est probable qu’en cherchant beaucoup, on les trouveroit*5. Il en est d’autres, telles que celles du papier et de l’imprimerie, dont on étoit beaucoup moins éloigné et auxquelles on auroit été aisément conduit par une méthode semblable à la notre.

Si ce temps, ces peines, cet dépenses, ce génie enfin qu’on a perdu, pour courir après tant d’objets frivoles ou nuisibles, on l’eût employé à aller au but que nous indiquons, que n’eût-on pas inventé de grand et d’utile*6 ?

*5 Lorsque dans une recherche, on est guidé par de fortes analogies, on est presque certain d’attirer au but ; mais, par cela même que les analogies sont fortes, on ne s’éloigne pas beaucoup des routes connues. Ainsi, pour faire des découvertes très extraordinaires, il faut tâtonner ou suivre la méthode de Bacon. Cependant, comme tout tient à tout, et qu’il y a de tout dans tout, à la rigueur, tout peut conduire à tout par l’analogie.
*6 Par exemple si l’on eût travaillé à perfectionner l’art de guérir, autant que l’art de tuer. Mais nous ne connaissons point de drogue curative dont l’effet soit proportionné à la vertu occisive du canon ; ce qui n’est rien moins qu’étonnant car les inventions sont proportionnelles au nombre, à la constance et à la sagacité des recherches qui le sont à la qualité et à la quantité des récompenses utiles et honorifiques, affectées au succès de ces recherches. Or, voua observerez, lecteur, qu’un homme qui coupe cent paires d’oreilles est un héros ; au lieu que celui qui en guérit dix mille n’est qu’un chirurgien.