Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’esprit, ainsi dirigé, seroit un pas vers le but*4.

Ainsi, nous étions fondés à dire que la découverte des erreurs des temps passés, est un solide motif d’espérance pour animer les travaux philosophiques et provoquer d’utiles découvertes.

À ces puissans motifs s’en joignent d’autres non moins fondés :

Si les hommes ont dû au seul hazard, ou au pur tâtonnement un assez grand nombre de découvertes importantes, n’est-il pas raisonnable d’attendre de recherches plus multipliées, plus suivies, faites à dessein et à la lumière de la vraie méthode, des découvertes encore plus importantes, en plus grand nombre, plus promptement, et presque sur-le-champ ?

Parmi les inventions et les découvertes déjà faites, il en est comme celle de la poudre à canon, de la boussole et de la soie, qui n’étoient pas dans les routes connues, et auxquelles aucune analogie ne conduisoit. Il peut s’en trouver beaucoup d’autres

*4 En allant très doucement, on va fort vite vers le but, parce qu’on n’est jamais obligé de rétrograder. Les esprits trop vifs voyagent dans le monde intellectuel, à peu près comme voyagent dans le monde réel certaines levrettes qui font trente ou quarante lieues par jour, et qui ne peuvent pas en faire dix sur la route ; leurs continuels écarts les harassent ; ils se promènent trop, et voyagent trop peu.