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res, produire à notre gré les dernières ; au lieu que, si nous pensons que ces dernières sont primitivement et essentiellement ce qu’elles sont, jamais nous ne pourrons les produire à volonté, parce que le croyant impossible, nous le rendrons tel pour nous, en ne l’entreprenant jamais.

(o) Cette sorte d’induction, qui procède par voie de simple énumération ne vaut pas mieux. Nos physiciens comptent les faits et nos politiques comptent les hommes ; un homme plus judicieux choisiroit les uns et les autres, les hommes et les faits n’étant rien moins que des unités mathématiques parfaitement égales ; et ce que nous faisons quelquefois à cet égard, il le feroit toujours. Bien choisir, c’est à quoi se réduit presque tout l’art d’inventer, de juger, de démontrer, de parler, d’agir, de vivre. La vèritable logique n’est point, comme l’a pensé Aristote, et comme on le croit encore communément, composée d’un certain nombre de règles abstraites, dont le principal objet soit la manière de poser des principes et de les appliquer. Car, en premier lieu ces règles étant nécessairement en assez grand nombre, comme on ne peut les avoir toujours toutes présentes à l’esprit au moment où elles seroient toutes nécessaires, on n’est jamais assuré de n’en avoir violé ou négligé aucune ; et quelque utiles qu’elles pussent être en elles-mêmes et une