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tout est relatif, selon vous, et il y a des rapports : donc les deux termes existent ; savoir : ce qui perçoit le rapport, et ce qui lui est relatif. Les mêmes corps, ajoutez-vous, vous affectent de différentes manières en différons temps : si ces corps, répondrai-je, demeurent les mêmes, tandis que votre manière d’être affecté change, il y a donc quelque chose d’absolu, quelque chose de fixe. Si l’univers change à chaque instant, l’univers existe donc ; car, s’il n’existoit pas, il ne pourroit changer ; et c’est précisément parce qu’il est toujours le même, qu’il paroit changer continuellement ; car, étant toujours composé des mêmes élémens, toujours en mouvement et se combinant d’une infinité de manières, il en doit résulter une variation continuelle de formes, sur un fonds matériel toujours subsistant : il est toujours le même et toujours nouveau ; toujours le même, par sa substance indestructible ; toujours nouveau par la situation de ses parties qui varie sans cesse : le monde est un et tout ; un en lui-même, et tout à nos yeux. C’est une sorte de grand jeu où la partie change à chaque instant ; mais l’échiquier, les pions et le joueur sont éternels. Enfin, si vous n’existez pas pour moi, vous ne me faites point d’objection ; et si je n’existe pas pour vous, je ne suis pas obligé de vous répondre. Reste donc à savoir si vous existez et si j’existe. Puis le Réiste