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nant ici l’exclusion à celle des causes finales, il tombe dans une sorte d’inconséquence.

Au reste, cette question des causes finales, et sur-tout de la première de ces causes, la plus importante et la plus difficile question que l’homme puisse proposer à l’homme, je l’ai beaucoup plus approfondie dans un ouvrage ex-professo ; et j’ai tant prouvé l’existence de cette première cause, qu’à la fin je suis parvenu à en douter. Si j’en crois ma seule expérience, il y a un Dieu ; si j’en crois mes cent mille raisonnement, il n’y en a point. Car tel en fut le résultat le plus clair et le plus net : Je conçois très clairement qu’il existe un être suprême que je ne conçois point du tout ; et c’est précisément parce que je ne le conçois point du tout, que son existence me paroit si certaine. Au fond, pour la plupart des hommes c’est le sentiment qui en décide : Dieu existe pour les gens de bien qui souhaitent son existence, et n’existe point pour les méchans qui la craignent ; ce sont nos vices ou nos vertus qui le tuent ou le ressuscitent dans notre opinion ; et selon qu’ils le ressuscitent ou le tuent, nous nous occupons du modeste dessein de nous transformer nous-mêmes en hommes vertueux, ou de l’ambitieux projet de transformer les corps d’une espèce en ceux d’une autre espèce.

(g) Lorsque quelque transformation impercep-