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véritable place ; et non dans la physique, où elle ne fait que détourner du véritable objet : il ne faut pas confondre les genres. Il faut les confondre, peut-on répondre, lorsque leur confusion est plus utile que leur distinction. Or, si un philosophe, dans un traité de physique, s’éloignant un peu des matières qu’on y traite ordinairement, parvenoit à découvrir et à démontrer la réalité des causes finales ; tout son tort, en s’écartant ainsi de son objet direct, seroit de nous détourner d’une étude assez frivole pour nous tourner vers une étude beaucoup plus nécessaire ; l’objet qu’il auroit saisi, vaudroit mieux que celui qu’il auroit manqué ; et dans cet heureux écart, l’apparente digression seroit le véritable sujet. Car, si nous pouvions persuader fortement aux hommes l’existence de ces causes finales, sur-tout celle de la première, nous formerions des hommes vertueux ; au lieu qu’en leur montrant seulement les causes physiques, nous ne formerons que des savans ; c’est-à-dire que nous donnerons à l’orgueil humain une arme fort dangereuse. Mais, d’ailleurs, la recherche du principe moteur, et de la destination de la totalité ou des parties d’une machine, fait certainement partie de la méchanique ; et la méchanique fait partie de la physique. Ainsi la recherche des causes finales fait aussi partie de cette dernière science ; et sa véritable, place est